L’Epiphanie, fête païenne, religieuse, monarchique ou laïque ?
Profane ou sacrée ?
Religieuse ou laïque ?
Galette ou gâteau des Rois ?
À l’origine, dans l’Antiquité, comme toutes les fêtes ayant lieu à cette période (aux environs du solstice d’hiver), c’était une fête de la lumière, comme l’atteste son étymologie dérivant de l’adjectif grec epiphanês, signifiant « illustre », « éclatant », de épi- = sur et phainein = briller. Fête plutôt païenne.
Depuis la naissance de Jésus, l’Épiphanie est une fête chrétienne qui symbolise sa « manifestation publique » (sens religieux du mot épiphanie) — métaphoriquement, son incarnation — attestée par la visite et l’hommage (l’adoration à la crèche) des Rois Mages : Gaspard, Melchior et Balthazar. C’est pour ça qu’on l’appelle aussi « Jour des Rois ». Elle a théoriquement lieu 12 jours après Noël, donc le 6 janvier. En réalité, ce jour n’étant pas férié, on la célèbre le premier dimanche de janvier (s’il ne coïncide pas avec le 1er).
Car, comme pour la plupart des festivités religieuses, l’Église a « recyclé » une antique tradition mécréante pour en faire une date religieuse symbolique.
Auparavant en effet, à cette même période, les Romains célébraient les « Saturnales », bien nommées fêtes païennes en l’honneur de Saturne qui avaient lieu dans la foulée du solstice d’hiver et qui donnaient lieu à de grandes réjouissances populaires, à la limite de la débauche. Lors d’un banquet — c’est Tacite qui le rapporte — on tirait au sort un « roi » à l’aide d’une fève glissée dans une galette. On le dotait théoriquement de tous les pouvoirs (autour d’une table), mais — parce qu’il ne faut quand même pas tenter le diable — on le détrônait à la fin de la fiesta !
Au Moyen-Âge, l’Église remplaça le gâteau par du pain bénit. La fève prit la forme d’un petit Jésus (quoique certains historiens situent son apparition plus tard), mais on maintint toujours un roi d’un jour.
La Révolution n’y vit bien sûr qu’une tradition anticivique. Elle rebaptisa l’Épiphanie « Fête du Bon Voisinage » — la Fête des voisins avant l’heure ! — et la galette… « gâteau de l’Égalité », tandis que la Convention préférait quant à elle l’appeler « Gâteau des Sans-Culottes ».
Comme on dit, chacun prêche pour sa paroisse !
Néanmoins, quelques siècles plus tard cette tradition de la galette est toujours pérenne. Sacrée pour les uns, profane pour les autres, elle demeure depuis l’Antiquité un symbole fort… surtout de gourmandise !
Galette, couronne ou brioche, il en existe d’ailleurs des dizaines de variantes régionales : de la traditionnelle galette en pâte feuilletée, nature ou fourrée à la frangipane qui se déguste surtout en Île-de-France au garfou du Béarn, en passant par la coque de l’Ariège, la couronne des Rois provençale, la brioche à cornes de Saint-Flour, la gâche de Coutances ou autres fouaces diverses et variées.
Leur point commun : il s’y blottit toujours une fève qui désignera « roi ou reine d’un jour » celui ou celle qui la trouvera dans sa part et qui lui portera chance pour toute l’année.
Demain : le Tour de France des galettes et des gâteaux des Rois !