Le vin à la télévision…!
Le classement du repas gastronomique des Français au patrimoine immatériel de l’humanité serait-il une supercherie ? Car il ne faudrait pas que cette inscription ne nous donne que le droit de nous en prévaloir dans le monde entier et d’en être rendu honteux à l’intérieur de nos frontières. Son mérite ne viendrait-il pas aussi un peu de la complexité de nos terroirs et du travail acharné de nos vignerons qui valorisent ainsi l’art de vivre de notre pays ?
La France serait-elle la première destination touristique au monde sans l’attrait des étrangers pour nos vins ? L’œnotourisme, c’est bien aussi du tourisme, non ?
En effet, le vin ne ferait-il donc pas partie de notre gastronomie ?
Les vignes de nos régions n’appartiendraient-elles pas à notre patrimoine agricole ?
Les vignerons français (et eux seuls, bien sûr !) seraient-ils des empoisonneurs sans conscience ?
Nos cavistes seraient-ils assimilés à des dealers de substances frelatées, notre belle jeunesse serait-elle sciemment corrompue lors de ses beuveries par les producteurs de vins de qualité, qui seraient sans doute les inventeurs du « binge drinking » (biture expresse) ?
Par les temps qui courent, le deuxième poste (largement) excédentaire de notre balance commerciale, derrière l’aéronautique et devant les parfums et les cosmétiques, serait-il devenu négligeable ?
Pourquoi dans les émissions qui évoquent la gastronomie le vin est-il toujours absent de la télé, à quelques « escapades gourmandes » près (merci Petitrenaud).
Le CSA et la loi Évin rendent-ils tellement service aux Français et sont-ils dans leurs rôles respectifs quand ils interdisent la présence de toute bouteille de vin sur nos écrans au prétexte qu’elles pourraient constituer une forme d’incitation conduisant à l’alcoolisme ?
L’épisode tragi-comique de Françoise Laborde (du CSA) se rendant indûment à Bordeaux pour la Fête de la Fleur et dans des soirées de dégustations, et refusant dans le même temps la création d’une chaîne pédagogique favorisant la connaissance du vin, est encore dans la mémoire des amateurs, ainsi niés ou au minimum méprisés dans leur passion et leur désir d’apprendre.
Manifesterions-nous une coupable désobéissance civile si nous exigions des épreuves accords mets et vins dans Top Chef et MasterChef au lieu de fabriquer des générations de cuisiniers ignares ?
Certains dîners ne seraient-ils pas plus « parfaits » si les candidats étaient également jugés sur le choix des vins plutôt que de l’occulter complètement.
Évidemment, il y a d’autres sujets « d’indignation » bien plus voyants et plus universels. Est-ce une raison suffisante pour confisquer ce droit à la culture et à l’éducation du goût ?
La tartuferie a de beaux jours devant elle alors que des domaines viticoles meurent chaque jour et nos campagnes avec.
De plus et enfin, si tous les vignerons de France voulaient bien se donner la main pour aller défendre à Bruxelles des normes bio vraiment ambitieuses et significatives plutôt que de la flanquer dans la gueule de leur voisin, pensant qu’il n’y a qu’une seule façon de faire et de parler du vin… on n’économiserait pas de pétrole mais de l’énergie en revanche sûrement !
PdM
Une cave sur place
5 mars 2013 @ 10 h 31 min
Qu’on se le dise, ce n’est pas sale! le vin est un produit noble partie intégrante de notre Patrimoine, il a sa place dans l’ensemble des médias. Par contre il doit être entouré de précautions, de prudence et de pédagogie tant sur la nature du produit que ses modes de consommation.
gretagarbure
5 mars 2013 @ 13 h 34 min
Tout à fait vrai.
D’ailleurs, à notre connaissance, aucune candidature d’une chaîne thématique n’a jamais défendu la « biture expresse »!
En revanche, interdire l’évocation du vin accolée à la notion de plaisir au nom d’un principe de précaution
est bien évidemment hypocrite et ridicule.
A bientôt pour de nouveaux échanges.
la pintade aixoise
5 mars 2013 @ 15 h 52 min
Le vin c’est bon, mangez-en ! Je trouve plutôt que ce classement (outre son côté usurpé quand on voit ce que servent de nombreux restaurateurs de France et de Navarre) est inquiétant, ça sent le sapin pour la haute gastronomie… On la protège comme on le fait pour les animaux sauvages. Bientôt, manger de la cuisine française de bonne qualité sera peut-être aussi difficile que de croiser un Dodo à l’Ile Maurice (bon j’exagère, contrairement au Dodo, on trouve encore de très bonnes choses ici !)
La chronique de Greta Garbure |
29 novembre 2013 @ 7 h 00 min
[…] pas partie de notre patrimoine ! Vous aviez bien lu le billet de Patrick, n’est-ce pas : http://gretagarbure.com/2013/03/05/ptit-billet-dhumeur-15/ […]