Le vignoble du Languedoc
« Le vin a connu la crise, après la guerre 1939-1945. Les caves particulières ont dû presque toutes fermer. Acheminé par des camionnettes à une coopérative qui se chargeait de la vinification, le raisin ne donnait plus qu’une boisson uniforme et banale. J’ai cessé pendant plus de trente ans de boire le vin de chez moi.
Et puis tout a changé, une fois de plus. Pour survivre à la mévente, à la chute de la consommation et des prix, le vignoble du Languedoc s’est transformé. Il produit moins, mais mieux. D’année en année nous découvrons de nouveaux vins de propriétaires que de jeunes viticulteurs composent à leur manière. J’ai rencontré dans la région de Clermont-l’Hérault un vigneron d’une cinquantaine d’années qui venait de refaire son vignoble et qui me disait, en parlant de son fils, vigneron comme lui :
— Il m’a aidé à faire un vin que j’aime.
Les jeunes générations aident les anciennes à retrouver des goûts que nous pensions perdus, et même à les améliorer. Bonne raison pour ne pas baisser les bras. D’ailleurs un peu partout, dans les guides officiels, dans les restaurants où l’on va, se dit à voix de plus en plus forte que le Languedoc, du Roussillon et des Corbières jusqu’aux coteaux du Gard, et même jusqu’à certains coins de l’Ardèche, est la grande région viticole de demain. On rencontre partout des dégustateurs étrangers qui recherchent les caves isolées, les nouveaux vignobles, qui investissent. Des caves particulières se constituent, composées de vins du Midi, ce qui était impensable il y a seulement vingt ans. Et les prix montent, y compris le prix des terrains de la région de Colombières qui se voyaient laissés à la broussaille. Dans certains endroits, il redevient possible de vivre de la vigne, avec un produit digne et bon. Je peux même affirmer, bien que cela soit impossible à établir, que le vin d’aujourd’hui est meilleur que dans mon enfance.
Au contraire de l’eau, qui a perdu pureté et fraîcheur, le vin a pris du caractère, du goût, de la diversité, de la gloire. Du même coup, ici ou là, il ramène la vie tout entière. Tout ne va pas nécessairement vers le pire : c’est le jus rouge de la terre qui l’affirme.
Lu dans « Le vin bourru », Jean-Claude Carrière, Plon, 2000.
Morceau choisi par Blandine Vié
dalichoux
8 avril 2014 @ 10 h 55 min
Languedocienne j’ai suivi toute l’histoire du vin dans ma région avec des cousins viticulteurs (faugères) puis avec mon ex viticulteur (les grès de montpellier) puis restauratrice j’en ai vendu supprimant de la carte les bourgognes et les bordeaux. Les parisiens ont longtemps boudé les vins d’ici et c’est très récent d’en trouver. Il y a déjà beaucoup plus de vingt ans qu’on fait du bon vin en languedoc roussillon…