Le château Lamothe-Bergeron
Le château Lamothe-Bergeron
(cru bourgeois, Haut-Médoc)
au Petit Pergolèse
Paris 16e
Encore un menu truffes mais autant en profiter puisque c’est la saison et que nous aimons ça ! Nous sommes en tout petit comité et pendant que nous attendons quelques retardataires, nous devisons en grignotant quelques noix de Cajou tout à fait exceptionnelles. Je suis à côté de Laurent Méry, le directeur du Château et nous sommes d’humeur joyeuse dans ce lieu fort sympathique où Albert Corre est un hôte et un chef à la fois jovial et élégant en plus d’être talentueux. Et ça fait un bail que sa « petite entreprise » tourne à plein régime.
Mais les agapes peuvent commencer et voici le menu : Vous remarquerez qu’il est un peu de guingois et pourtant, nous n’avons pas encore commencé à boire, seulement trempé nos lèvres dans le 2011, juste pour s’humecter le gosier !
Nous commençons par un petit (heureusement vu la suite) risotto aux truffes qui s’harmonise parfaitement avec le 2008 (50% merlot, 50% cabernet sauvignon, 35 € le magnum, ce que je trouve plus que convenable), assez puissant, équilibré, agréablement fruité et dont les tanins déjà souples enrobent bien le côté humus de la truffe. Deux terroirs se rejoignent en bouche et ça donne un baiser harmonieux.
Nous continuons avec un formidable pâté en croûte, servi très généreusement, qu’accompagne cette fois le 2011 (40% merlot et 60% cabernet-sauvignon, 18 € la bouteille). Le pâté — au foie gras tout de même — est plus que somptueux et je me dis que je ferais bien ma cantine de ce charmant resto-bistrot cosy aux murs chargés de toiles si je n’habitais pas à l’autre bout de Paris. Le 2011 lui va comme un gant, encore un peu vif, ce qui sied à une charcuterie avec de la personnalité mais qui finit par s’alanguir en bouche, ce qui va mieux au foie gras et me semble prometteur pour la suite de la destinée du vin.
Nous poursuivons avec le plat de résistance : un filet de bœuf tout truffes sur un lit de pommes boulangère et une sauce abondante façon Périgueux. La viande est goûteuse et régalante car bien saisie en surface mais saignante à cœur… tout ce que j’aime ! Le vin qui l’escorte est un 2012 (55% merlot, 45% cabernet sauvignon, 19 € la bouteille) marqué par une complexité de goûts fruités (beaucoup) et épicés qui tient tête efficacement à la viande. Et ni les pommes de terre ni la sauce ne gâchent le tandem. Je pense vraiment le plus grand bien de ce vin même s’il peut attendre et que l’on vous en donnera sûrement des nouvelles dans quelques années. N’est-ce pas, Laurent ?
Maintenant arrive le fromage, tout paré de truffes en son for intérieur. Crémeux à souhait, il est aguichant à l’œil et délicieux en bouche. On le marie avec un 2013 (50% merlot, 50% cabernet sauvignon, 18 € la bouteille). Il a du fruit et de la fraîcheur mais s’efface un peu devant le fromage et la truffe. Pour autant, il a déjà de la finesse et il requiert sans doute seulement de se faire encore désirer quelques années. Et — fin de repas oblige ? — j’ai oublié de le photographier !
Il faut dire aussi qu’on est repassé au 2008 qui, décidément, flirte bien avec la truffe.
Quant au dessert, il s’agit d’une curiosité qui se révèle digestive, ce que je n’aurais pas parié d’emblée : une mousse au chocolat… chaude ! Eh bien, c’est épatant !
Alors c’est vrai, ce repas était formidable et si je vous le dis, vous pouvez me croire car ceux qui me lisent savent bien que je n’ai pas ma langue (surtout de bois) dans ma poche ni ailleurs. Mais c’est vrai que quand tout va bien, que la table est gourmande et le vin suffisamment bon pour qu’on ait envie de se resservir, pourquoi ne pas s’en réjouir ?
Prix des vins en vente au château.
Blandine Vié
Château Lamothe-Bergeron
Chemin des Graves
33460 Cussac
Tél : 05 56 58 94 77
Site : www.lamothebergeron.com