J’ai fait mon marché avec Monsieur Popu…
Monsieur Popu a toujours faim. Et soif ! Monsieur Popu va faire ses courses le week-end en hypermarché parce que c’est pratique et qu’il achète beaucoup de nourriture d’un seul coup ! Et puis, y a tout sur place et les caddies — Madame Popu en a pris un aussi ! — roulent jusqu’au coffre de la voiture ! Épatant ! Monsieur Popu, il s’arrête à presque tous les rayons et guette les promotions parce que c’est moins cher et que son budget… c’est pas le Pérou !
Au rayon viandes, il prend la caissette de 25 pièces de côtes de porc dans l’échine, celle de 10 steaks dans la bavette et le lot de 30 merguez. Monsieur et Madame Popu ont un grand congélateur ! Il prend aussi du carpaccio mariné et des brochettes toutes prêtes avec des oignons et des poivrons verts. À vrai dire, il n’a même pas l’idée de regarder d’où provient la viande. Il s’attache aux prix. Monsieur Popu est carnivore et c’est pour lui un signe extérieur de richesse d’en manger souvent.
Au rayon volailles, il dédaigne les poulets entiers pour acheter des sachets de nuggets avec leur sauce incorporée — les enfants adorent ça ! —, des manchons marinés façon tandoori et des ailerons sauce aigre-douce.
Au rayon légumes, il prend un sac de 10 kilos de patates à frites, 2 barquettes de tomates bataves pâlichonnes mais parfaitement calibrées, puis hésite : « Chérie, on prend une laitue ? » À quoi chérie répond : « Oui, ça fera un peu de verdure dans la salade de riz au thon ! »
Il s’en va alors vers les allées dédiées à l’épicerie. Là, il dévalise le rayon pâtes qui propose des boîtes familiales de 1 kilo sur lesquelles on gagne encore 40 centimes quand on les achète par deux. Il prend aussi des boîtes de pommes de terre en flocons pour la purée — parce que celles du filet, c’est pour les frites ! — et 4 ou 5 sachets de chips… parce que ça se grignote bien en regardant la télé ! Il complète avec un paquet de riz qui cuit en 2 minutes au micro-ondes… parce que comme ça, c’est plus vite fait pour la salade fourre-tout, entrée rituelle du dimanche et des jours de barbecue.
Dans la foulée, gros chargement au linéaire des « sauces et condiments » : mayonnaise toute faite (le pot géant), sauce cocktail toute faite, sauce barbecue toute faite, sauce béarnaise toute faite, ketchup et — « tiens, on l’a jamais essayée, celle-là ! » — sauce au roquefort toute faite. « T’es sûre qu’il reste de la moutarde ? » Chérie est sûre.
Au passage d’une tête de gondole, on se réapprovisionne en céréales américaines et en pâte à tartiner. Oui, oui, celle-là : le gros pot avec les noisettes ! Et au détour d’une allée, on rafle les briques de lait UHT pour les céréales du p’tit-déj.
Puis grosse descente au stand des boissons ! Le deuxième chariot se remplit de packs de bières, de bibs de rosé et de bouteilles de Cola. Le Cola, c’est pour les enfants, et le rosé, c’est pour le barbecue. Boire du rosé à l’apéro, c’est pas encore rentré dans les mœurs de Monsieur Popu. Il préfère le Ricard. Ses copains aussi. Hop… deux bouteilles ! Tiens, d’ailleurs, faut pas oublier de faire le ravitaillement en cacahuètes et en biscuits à apéro ! « Mais dis-donc, Maman ? On n’aurait pas oublié le saucisson des fois ? Me dis pas que tu l’as pas mis sur la liste ? Toi, tu sais, t’es bonne pour la casse ! » dit-il en rigolant.
Retour sur les chapeaux de roues — et avec des roues de caddy, c’est du sport ! — au rayon charcuterie, et razzia sur des saucissons de batterie plus secs et plus durs que des cannes de bergers.
La promenade continue avec arrêt dans le périmètre des produits frais pour le plein d’œufs, de beurre et de crème, de yaourts et de laitages emballés par lots de 12 qui vont rejoindre le contenu du chariot. Et aussi des sachets de râpé. Des gros. Plus un chapelet de mozzarellas industrielles caoutchouteuses à souhait pour les incontournables tomates-mozza. Et des knäcki ! Des longs et des balls pour l’apéro !
Allez, c’est presque fini ! Plus que les croquettes pour le chien, la lessive, le PQ, et, en dernier, comme il se doit, les surgelés. D’abord le salé : steaks hachés et croquettes de poissons panés, puis le sucré : des esquimaux comme au cinéma !
Le convoi s’achemine enfin — non sans péril — vers la caisse ! Ou plutôt… vers une des caisses ! Faut d’abord trouver celle où la queue est la moins longue, sans oublier d’évaluer le contenu des chariots précédents pour savoir si ça vaut le coup d’aller à celle de droite ou à celle de gauche. « Tu te mets dans une file et moi dans l’autre, hein ? Comme ça on a plus de chances ! » Pendant l’attente, Monsieur Popu discute avec Madame Popu : « T’as vu, chérie, on a été raisonnables ! Pour une fois, on n’a pas pris de chocolat ! » Les deux files se marrent.
À la caisse, il donne deux ou trois bons de réduction pour que la caissière fasse les ristournes appropriées, puis il lui réclame les vignettes auxquelles il a droit : photos de joueurs de foot ou autres marottes à la mode. C’est toujours ça de pris.
Il recompte minutieusement tous les prix de son ticket de caisse pour vérifier s’il n’y a pas d’erreur, sans entendre qu’il gêne le passage avec ses deux containers remplis non pas à ras-bord mais à dégueule-du-bord !
Bon, c’est pas tout ça, mais le temps passe et « si on veut être à la maison pour l’heure de l’apéro, faudrait p’t’être se dépêcher, ma grosse, tu crois pas ? »
Comme on le voit, Monsieur Popu sait non seulement bien se nourrir, mais aussi parler aux femmes. La sienne opine. Elle s’en fiche. En elle-même, elle pense : « Cause toujours, grand couillon ! À la maison, c’est moi qui commande ! »
Et voilà ! Ça se passe comme ça le samedi matin ! Puis, une fois le hayon refermé et les jetons des caddies récupérés, les Popu rentrent dans leurs pénates. La routine, quoi…
Patricia
16 juin 2014 @ 7 h 20 min
Mwais, le coup des frites »maison » j’y crois pas trop. Rare sont les gens qui les font encore?( Même ici en Begique, c’est rare) D’ailleurs sur les friteuses il n’est plus dessiné le temps de la première cuisson. Perso je n’utilise plus de machine à découper depuis que je l’ai cassée. Je fais des frites « haute coupure » y’en a pas 2 les même . Et avec ça une bonne mayo maison, c’est trop bon
Annie.P
16 juin 2014 @ 7 h 39 min
le pire dans cette horreur, c’est que c’est vrai ! et tu l’écris si bien.
Paule
16 juin 2014 @ 7 h 55 min
C’est ainsi que la moitié (ou plus) de la population devient obèse !
Anne Lataillade (@papilles)
16 juin 2014 @ 9 h 15 min
Cela sent le vécu 😉
gretagarbure
16 juin 2014 @ 10 h 08 min
Plus observé que vécu, Anne ! 😉
Saynètes |
17 juin 2014 @ 6 h 01 min
[…] Hier, j’ai fait le marché avec Monsieur Popu… : http://gretagarbure.com/2014/06/16/saynetes-5/ […]
Bruno LeScribe
17 juin 2014 @ 6 h 59 min
Que c’est joliment écrit… 🙂
Vivement Madame Bobo, j’ai hâte !
Les Tasters
18 juin 2014 @ 10 h 42 min
Un vis ma vis en texte!
Je crois que j’ai du sang de prolo et des gènes de bobo!