« Habemus Châteauneuf-du-Papam ! »
Pour les quelques-uns qui auraient pris le conclave en cours de route sans avoir eu la sagesse de réviser leur latin (de cuisine), il peut être utile de retrouver le véritable sens des citations essentielles que nous allons entendre dans les prochaines heures, urbi et orbi.
La dilection particulière qui nous réunit ici portant un peu plus sur le vin que sur le latin, il m’est apparu que deux traductions ne seraient pas de trop afin de bien se comprendre.
Allons-y, alea jacta est !
— Fluctuat nec mergitur.
Battu par les flots, il ne sombre pas.
Malgré la flotte en septembre, on a pu sauver la vendange !
— Errare humanum est.
L’erreur est humaine.
P….n ! Mais qui m’a vendu ce lot de bouchons ?
— Fugit irreparabile tempus.
Le temps fuit irréparablement.
Déjà une heure qu’on n’a rien bu !
— Vae victis.
Malheur aux vaincus.
Fallait attendre pour vendanger, couillon !
— Deo gratias.
Grâces soient rendues à Dieu.
Du bol que la grêle soit tombée chez le voisin !
— Gratis pro deo.
Gratuitement pour l’amour de Dieu.
C’est ma tournée !
— Bis repetita placent.
Les choses répétées plaisent.
Patron, remettez-nous ça !
— In cauda venenum.
Dans la queue le venin.
Zut, y a du dépôt dans le fond !
— Pulvis es et in pulverem reverteris.
Tu es poussière et tu retourneras à la poussière.
Patron, vite !
— Urbi et orbi.
À la ville et à l’univers.
Au restaurant et au bistrot.
— Bonum vinum laetificat cor hominis.
Le bon vin réjouit le corps de l’homme.
La santé par les plantes !
— De gustibus et coloribus non disputendum.
Les goûts et les couleurs ne se discutent pas.
Chacun boit ce qui lui plaît, plaît, plaît…
— In situ.
Dans l’endroit même.
Là (désignant sa bouche avec son pouce) !
— In vitro.
Dans le verre.
Dans MON verre !
— Ex nihilo nihil.
Rien ne vient de rien.
D’où tu la sors cette bouteille ?
— Doctus cum libro.
Savant avec un livre.
Le buveur d’étiquettes.
— Ite missa est.
La messe est dite.
On se casse, y a plus rien à boire ici !
— Manu militari.
Par la force armée.
Grâce à Emmanuel Delmas.
— Si vis pacem, para bellum.
Si tu veux la paix, prépare la guerre.
Si tu as soif, arme-toi d’un tire-bouchon !
— Uti, non abuti.
User, ne pas abuser.
À consommer avec modération !
— Veritas odium parit.
La franchise engendre la haine.
Ne dis pas au vigneron que son vin sent l’écurie… !
— Trahit sua quemque voluptas.
Chacun prend son plaisir où il le trouve.
Si tu aimes la piquette, bois de la piquette !
— Ubi bene, ibi patria.
Où l’on est bien, là est la patrie.
Si tu aimes le pomerol, bois du pomerol !
— Deus ex machina.
Un dieu descendant d’une machine.
Flying winemaker.
— Tu duca, tu signore et tu maestro.
Tu es mon guide, mon seigneur et mon maître.
Bonjour Monsieur Aubert de Villaine, je me demandais si vous n’auriez pas une caisse de Romanée-Conti en trop, c’est mon anniversaire !
— Timeo hominem unius libri.
Je crains l’homme d’un seul livre.
C’est pas parce que t’as fait un vin correct en 2005 qu’il faut faire le kéké !
— Nulla dies sine linea.
Pas un jour sans une ligne.
Mais le vin, c’est meilleur que la coke !
— Primus inter pares.
Le premier d’entre ses pairs.
Yquem !
— Ad vitam aeternam.
Pour toujours.
Jusqu’à plus soif.
— Veni, vidi, vinci.
Je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu.
J’ai bien fait de venir dîner, les bouteilles étaient de qualité, je les ai toutes finies !
— Testis unus, testis nullus.
Témoin seul, témoin nul.
Extrait de la charte du Grand Jury Européen de l’excellent François Mauss : « 15 dégustateurs de haut niveau, dégustant à l’aveugle, ne peuvent pas se tromper ensemble, au même moment, au même endroit, sur un même vin. »
— Vade in pace.
Va en paix.
Tu peux conduire ou t’es bourré ?
— Vulnerant omnes, ultima necat.
Toutes blessent, la dernière tue.
On s’en boit une dernière… pour la route ?
Tout le monde n’a pas forcément la vis comica (pas plus que la vis Parker) mais pour les buveurs honoris causa, le changement est hic et nunc, ici et maintenant (surtout hic !), in secula seculorum, tant qu’il y aura du vin dans la cave.
En conclave avec moi-même et mon châteauneuf, je vous l’affirme : nunc est bibendum, c’est maintenant qu’il faut boire !
PdM
Paule N
13 mars 2013 @ 22 h 19 min
Bravo pour cet humour décapant ! Mais on pourrait se poser des questions sur » In cauda venenum.
Dans la queue le venin ». De quelle queue s’agit-il ?
gretagarbure
13 mars 2013 @ 22 h 31 min
Celle que l’on n’aime pas !
Sinon, ce n’est pas du venin…