Du cheval dans les lasagnes, mais aussi des insectes dans presque tout !
Monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir.
Eh bien vous, cher lecteur de www.gretagarbure.com, je parie que vous êtes entomovore sans le savoir !
Entomovore ?
C’est quoi ce mot barbare ?
Blandine vous l’a pas encore expliqué dans « Les mots des mets » ?
Pourtant elle vous a déjà parlé d’un livre sur la cuisine des insectes dans la rubrique « Mille-feuilles » :
http://gretagarbure.com/2012/11/27/nos-mille-feuilles-nos-feuilletages-de-la-semaine-7/
Même que vous avez fait des mines dégoûtées !
Beurk ! Des insectes, moi jamais !…
Jamais ?
N’avez-vous donc jamais mangé de saucisson, de merguez, de saucisse de Toulouse, de saucisses de Francfort, de knacki, de saucisses fumées, de salade de museau, de steaks hachés, de yaourts aux colorants… « naturels », de couscous en boîte et autres aliments industriels tels que margarine, desserts, confiseries et bonbons (fraises Tagada, oursons, smarties, tic-tac, m&m’s, chewing-gums, guimauves, etc.) ?
Ni bu de jus de fruits, de boissons sucrées ou alcoolisées de type mix ?
Si ???
Eh bien alors : vous avez déjà mangé………………… ÇA !!!
Parce que c’est ça que ça veut dire être entomovore : manger des insectes !
Eh oui !!!
Vous avez mangé ça parce que c’est à partir de cet insecte, la cochenille (Dactylopius Coccus) que l’on prépare le colorant alimentaire rouge appelé rouge cochenille ou rouge carmin aux fins de rendre les aliments plus attrayants !
La cochenille est un insecte qui vit sur des cactus de la variété Opuntia (cactus raquettes), surtout cultivé en Amérique latine. Le colorant qu’on en tire doit son nom à l’acide carminique qui se trouve dans le corps et dans les œufs de la femelle. En fait, l’acide carminique agit comme pesticide naturel pour protéger la cochenille femelle de ses prédateurs.
Et au moment de la récolte, les minuscules femelles, asséchées, sont récupérées une à une.
Le rouge cochenille rudimentaire est obtenu par pulvérisation des cochenilles. Il en faut 100 000 pour faire une livre de colorant.
Un colorant rouge plus pur — le rouge carmin — est élaboré par immersion des insectes séchés dans l’eau bouillante que l’on rend ensuite basique en lui ajoutant de l’ammoniaque ou du carbonate de sodium. La solution est alors traitée avec des sels d’aluminium, ce qui donne le colorant.
Qu’il soit obtenu par la première méthode (rouge cochenille) ou chimiquement par la seconde (rouge carmin), ce colorant est présent dans nombre d’aliments industriels. Sa mention est obligatoire dans la composition des ingrédients mais souvent déguisée puisque c’est ce que cache le code E120, même s’il peut être spécifié en plus, entre parenthèses, cochenille ou carmin(s).
La législation permet même d’utiliser le terme colorant « naturel » pour le rouge cochenille puisque, de fait, la cochenille est une petite bête qu’on trouve… dans la nature !
Et les industriels ne s’en privent d’ailleurs pas tant il est vrai que le terme « naturel » est bien plus vendeur. Mais souvenez-vous en quand vous achèterez des yaourts… naturels !
D’autres colorants sont élaborés à partir de végétaux (carottes, betteraves, chlorophylle, paprika, etc.) et sont également naturels par le fait même qu’ils sont tirés de plantes.
Ces colorants « naturels » ont longtemps subi un déclin au profit de colorants alimentaires synthétiques qui n’étaient pas sécuritaires pour la santé publique puisque de nombreux effets secondaires ont été constatés. Mais avec la mode du bio, on y revient.
Toutefois cochenille et carmin sont à part puisque d’origine animale et que — même si c’est très rare — ils peuvent engendrer, au même titre que les colorants synthétiques, des effets indésirables, notamment des réactions allergiques sévères (choc anaphylactique, asthme, eczéma, insomnies) et des troubles associés tels que l’hyperactivité chez l’enfant.
De potentielles conséquences à ne pas oublier si le menu quotidien de votre enfant, c’est steak haché ou saucisses, yaourts et bonbons !
Attention ! Je ne dis pas que la cochenille est un poison !
Mais en cette « Journée internationale des droits des consommateurs », je dis seulement que ce serait bien qu’on sache enfin ce qu’on mange de manière transparente.
Tel Sherlock Holmes, commencez donc par faire vos courses avec une loupe dans la poche pour pouvoir déchiffrer les étiquettes, toujours libellées en caractères lilliputiens.
Le (bon) sens de l’observation… y a que ça de vrai !
Et je ne vous parle que de la cochenille qui se retrouve dans nos assiettes. Parce que, Diou Biban, y en a aussi dans les cosmétiques (shampoing, rouge à lèvres, etc.).
Ah ! Quelle vie qu’on vit, j’vous jure !