Boire en Suisse
Tout d’abord, précisons que cette expression ne signifie pas « boire en Helvétie » mais « boire comme un Suisse », autrement dit… seul !
Mais la langue française a ses subtilités… et ses joies !
Moi-même, j’ai vécu en Suisse dans une vie antérieure — d’accord, c’était à Lugano ! — et j’ai longtemps écrit pour une revue neuchâteloise…
Cela étant dit, les plaisirs solitaires peuvent avoir leur charme. Enfin… jusqu’à un certain point !
Boire en fait partie. Quand c’est pour le plaisir de boire et non pour noyer des chagrins.
Moi par exemple, j’aime bien boire un verre en fin d’après-midi pendant que je suis à mon clavier. Ce n’est pas par misanthropie mais parce que ça rebooste mes neurones mis à rude épreuve depuis 7 h du matin. Allez, avouons, quelquefois depuis 8 h seulement !
Bon, ce préambule étant posé, pourquoi boire seul se dit « boire en Suisse » ?
Eh bien, tout ça, c’est la faute de Stanislas Leszcynski qui, rappelons-le, fut roi de Pologne (Lvov, la ville où il est né, se situe aujourd’hui en Ukraine), Grand-Duc de Lituanie, beau-père de Louis XV, et subséquemment, duc de Lorraine !
On raconte qu’il recevait souvent du vin de Tokay — le veinard ! — mais qu’il avait la fâcheuse habitude de le couper avec de l’eau ! Franchement ? Une fine à l’eau, d’accord ! Mais un Tokay à l’eau, c’est un crime, non ?
Mais, comme il était quand même amateur de ce vin, il sortait de temps à autre pour aller en boire un verre dans l’antichambre des gardes suisses (les gardes suisses ont constitué la garde royale des rois de France entre 1616 et 1792) ! C’est du moins ce qu’a raconté sa maîtresse en titre, la marquise de Prie : « Il est allé boire en Suisse ! »
Autant que possible, évitons donc d’avoir le verre solitaire !