Un menu pour la Saint Roméo
Comment, comment ? Qu’apprends-je ?
On fête la Saint Valentin à grands renforts de « cuculteries » et pas la Saint Roméo ?
Mais c’est quoi cet ostracisme ?
*
Bon, je vous l’accorde,
les amants de Vérone,
c’est une histoire un peu conne
— une histoire de discorde —
et en plus, même pas cochonne.
Et si Shakespeare n’était pas passé par-là,
tout comme eux, ne serait-elle pas
passée de vie à trépas ?
Diou Biban, tu ne connais pas l’histoire ?
T’inquiète !
Je vais te faire le pitch façon brèves de comptoir.
C’est mon côté poète…
Juge un peu
lecteur courageux :
« Y a du monde au balcon ?
Ou y a personne qui répond ?
Je suis là Roméo !
J’entends tes trémolos.
Mais m’aimes-tu
Roméo Montaigu ?
Je t’aime Juliette Capulet !
Mais ta famille me hait !
Alors pour qu’au grand jour on s’aime,
il faut trouver un stratagème !
Marions-nous en cachette
mon andouillette !
Euh ! Pardon… ma bichette,
ma fée Clochette !
Mon amour, Papa ne voudra jamais !
Et s’il savait, il nous tuerait !
Cherchons donc une solution
pour que vive notre passion. »
Seulement voilà !
À l’époque
y avait pas encore de portables,
alors j’ vous raconte pas
le scénario loufoque
et sa chute déplorable !
Pour faire court, elle a pris du faux poison
pour faire semblant de mourir,
ce qui lui aurait permis de s’enfuir
rejoindre son tendre Cupidon
une fois délivrée de son tombeau
par ses complices.
Mais que c’est sot !
Hasard ou maléfice ?
Car le messager qui devait prévenir Roméo
de la ruse est arrivé trop tard
et il l’a crue vraiment morte.
Alors de désespoir
de ne pouvoir devenir son époux,
le pauvre nigaud
a bu une toxine assez forte
pour se tuer sur le coup.
Et voilà le clou pour finir.
La belle réveillée constate
la mort de son amant.
Alors, comme déjà sûrement,
vous le supputâtes,
elle attrape un poignard
et meurt à ses côtés.
Non, ce n’est pas un canular,
Ils n’auront pas d’avenir
puisqu’ils sont décédés. »
*
Quelle histoire à la gomme, tu trouves pas ?
Remarque, s’ils s’étaient mariés,
peut-être que tout aurait fini par un divorce
ou par un crime passionnel !
Bon, quoi qu’il en soit, rendons-leur hommage
à ces amoureux à la manque.
J’ai demandé aux duettistes
de vous préparer un repas d’amoureux
un peu spécial !
Blandine a concoté les recettes
et Patrick est descendu chercher des bouteilles à la cave.
Mais tiens ! C’est bizarre … il n’est toujours pas remonté !
Le menu
Marguerite de Saint-Jacques à effeuiller
Un peu, beaucoup, passionnément, à la folie…
Préparation : 10 minutes
Pour 2 personnes : 4 à 6 belles noix de Saint-Jacques (200 g) sans corail – 1 cuillerée à soupe d’huile d’olive fruitée – ½ citron – fleur de sel, poivre blanc du moulin – 4 branches de coriandre fraîche – 4 brins de ciboulette – pain de campagne grillé (facultatif) – beurre demi-sel (facultatif)
Rincez et épongez les noix de Saint-Jacques et placez-les au congélateur 10 à 15 minutes pour les raidir (pas plus).
Sortez-les du congélateur et coupez les noix — main non, Roméo, pas les tiennes ! — en lamelles dans le sens de l’épaisseur avec un couteau bien tranchant, opération facilitée par leur passage au congélateur.
Badigeonnez au pinceau 2 assiettes bien froides d’un léger film d’huile d’olive, puis disposez les lamelles de Saint-Jacques en rosaces (pour figurer les pétales d’une marguerite), en les badigeonnant d’huile au fur et à mesure (toujours au pinceau) pour qu’elles ne collent pas entre elles. Bien entendu, vérifiez et trichez pour que le nombre de pétales tombe précisément sur « à la folie » ! Coupez 2 rondelles de citron et gardez-les au frais. Parsemer les noix de Saint-Jacques de quelques gouttes de jus de citron. Recouvrez chaque assiette de film étirable et placer 1 heure au froid.
Pour servir, sortez les Saint-Jacques du réfrigérateur, parsemez-les d’un peu de fleur de sel et de poivre blanc, de coriandre et de ciboulette finement ciselées. Disposez une rondelle de citron au centre de chaque assiette pour figurer le cœur jaune des marguerites.
Accompagnez ou non de tartines de pain de campagne grillées et de beurre demi-sel.
Variante : On peut présenter à part une petite vinaigrette (1 cuillerée à soupe d’huile d’olive, 1 d’huile de noisette et 1 de vinaigre de xérès) agrémentée des graines d’un fruit de la passion.
Civet de homard qui rougit quand on le passe à la casserole
Préparation : 20 minutes
Cuisson : 20 minutes
Pour 2 personnes : 2 homards bretons bleus (homards-portions) vivants – 40 g de beurre – 4 échalotes – 5 cl de cognac – 10 cl de crème liquide – sel fin, poivre blanc du moulin – 1 pincée de piment d’Espelette – 4 branches de persil plat
Tronçonnez les homards à cru : séparez les têtes en éliminant les antennes, séparez les pinces et donnez-leur un coup de casse-noix pour casser la carapace, tronçonnez les queues en trois ou quatre morceaux, recueillez la lymphe (jus) qui s’écoule.
Laissez fondre le beurre dans une cocotte. Faites-y fondre les échalotes pelées et hachées, puis jetez-y les tronçons de homard, pattes et têtes comprises. Faites revenir quelques minutes, jusqu’à ce que les carapaces deviennent rouges.
Mouillez avec le cognac chaud, flambez. Retirez les têtes et prélevez-en toutes les matières coraillées (c’est-à-dire l’intérieur de la tête).
Versez la crème liquide dans une sauteuse, salez, poivrez, ajoutez le piment, délayez. Laissez mijoter 5 minutes, jusqu’à consistance veloutée.
Liez la sauce avec le corail des têtes et la lymphe. Rectifiez l’assaisonnement en fin de cuisson.
Pour servir, transvasez dans un plat creux bien chaud et parsemez d’un peu de persil finement ciselé.
Cailles fourrées et sautées, puis couchées…
sur un canapé (celui du salon ?) ou dans la paille et dans le foin
Préparation : 30 minutes
Cuisson : 30 minutes
Pour 2 personnes : 2 belles cailles dodues parées, avec leurs foies – 1 petite poignée de morilles séchées – 100 g de farce fine, truffée ou non – 50 g de foie gras de canard – 1 échalote – 2 cuillerées à soupe d’huile – 1 œuf – 2 cuillerées à soupe d’armagnac – 10 cl de vin blanc moelleux – 2 branches de persil plat – 2 branches de cerfeuil – 20 g de beurre – sel fin, poivre du moulin
Parez les cailles en réservant les foies (ou demandez au volailler de le faire, mais sans les brider).
Faites réhydrater les morilles dans un bol d’eau froide, puis essorez-les et hachez-en la moitié (les plus petites) grossièrement au couteau. Réservez les autres.
Pelez et hachez l’échalote. Coupez les foies des cailles en dés minuscules.
Faites chauffer la moitié de l’huile dans une poêle. Faites-y suer l’échalote, puis faites-y sauter rapidement les morilles hachées et les dés de foie.
Préparez la farce : dans un saladier mélangez la farce fine, le hachis de morilles et de dés de foies de caille, le foie gras coupé en dés, l’œuf entier, l’armagnac, le persil et le cerfeuil ciselés, sel et poivre. Malaxez bien.
Fourrez les cailles avec cette farce, bridez (ficelez).
Faites chauffer le reste d’huile dans une petite cocotte. Faites-y dorer les cailles de tous côtés. Retirez-les, ajoutez le beurre et faites sauter les morilles.
Remettez les cailles dans la cocotte, mouillez avec le vin moelleux, salez et poivrez, couvrez et laissez mijoter 25 à 30 minutes, en les retournant deux ou trois fois en cours de cuisson.
Servez brûlant avec la garniture choisie.
Notes :
– Si vous servez les cailles sur canapé, ne mettez pas leurs foies dans la farce, faites-les sauter et mixez-les avec une noix de beurre et, si vous aimez, ajoutez une demi-cuillerée à café de miel. Poivrez et tartinez les canapés (rôties de pain) avec cette mixture.
– Vous pouvez crémer la sauce (10 cl) en fin de cuisson. Dans ce cas retirez les cailles de la cocotte et gardez-les au chaud dans une feuille d’aluminium pendant la réduction de la sauce.
– C’est le mélange de tagliatelles jaunes (aux œufs) et vertes (aux épinards) qui, par association de couleurs, fait baptiser ces tagliatelle « paille et foin » (paglia e fieno en italien).
Voir la recette que nous avons passée le 16 février :
http://gretagarbure.com/2013/02/16/les-mots-des-mets-la-saveur-cachee-des-mots-8/
Sauf que nous allons la doper encore un peu plus pour en faire un « Tirami-sù ancora di più » qui signifie « remonte-moi encore plus » !
Pour ce faire — donc pour accentuer l’effet aphrodisiaque — vous pouvez panacher la liqueur d’amaretto avec un peu de liqueur de café (kalhua) et de crème de cacao.
Quand cupidon nous inspire | Les 5 du Vin
14 février 2014 @ 0 h 08 min
[…] http://gretagarbure.com/2013/02/25/la-chronique-de-greta-garbure-8/ […]