Notre calendrier de l’Avent – Jour 19
Fenêtre du 19 décembre :
LE CHOCOLAT EST CADEAU !
Troquer le sapin scintillant et lourdement chargé de boules multicolores contre un joli bouquet, le champagne contre un punch endiablé ou même un cocktail sans alcool, le plateau de fruits de mer contre un petit velouté de coquillages, le foie gras contre des tapas, et le chapon dodu contre un rôti ou une volaille plus modestes n’ôterait absolument rien à la magie de Noël.
Mais Noël sans chocolat, de toute évidence ce ne serait plus Noël !
Car plus encore que les décorations et les illuminations, plus que les rubans et les paillettes, plus que la sempiternelle dinde aux marrons trônant en majesté sur la table du Réveillon, le chocolat symbolise tous les rituels un peu païens liés à la fête de Noël depuis qu’elle a perdu son caractère strictement religieux.
Peu ou prou, cela remonte à peu près aux années 50, quand l’économie devint florissante et permit une certaine abondance après les restrictions de la guerre et de l’après-guerre. Noël devint alors une occasion de réunir parentèle et amis pour festoyer dignement, la bonne chère focalisant l’intérêt des protagonistes qui avaient connu tant de privations.
C’est ainsi qu’on ne se contenta plus de mettre une orange au pied du sapin… mais quelques cadeaux parmi lesquels souvent une boîte de chocolats ! Puis, les marques rivalisant d’imagination pour rendre les emballages de plus en plus précieux, tels des écrins, le chocolat prit véritablement valeur de trésor.
On peut trouver que ces « offrandes » désacralisent la fête de Noël, mais pourtant, quel plus bel hommage rendre au créateur que de voir en la gourmandise un véritable cadeau… et non un péché — qui plus est capital ! — comme voudrait nous le faire croire l’Église depuis 345 après Jésus-Christ ? Ce fut l’initiative du moine Évagre le Pontique de définir huit déviations (logismoï) dans son ouvrage La Réfutation, parmi lesquelles le Pape Grégoire-le-Grand en entérina définitivement sept au VIe siècle. Et quel autre aliment — susceptible surtout de plaire aux petits comme aux grands — pourrait-il mieux symboliser la gourmandise que le chocolat ?
Ce ne sont en tout cas pas les dieux des peuples toltèque, maya et aztèque — qui découvrirent et propagèrent la culture des cacaoyers —qui s’en seraient offusqués puisque les fèves étaient alors baptisées « amandes pécuniaires » ! Et aujourd’hui encore au Mexique, peuple très croyant s’il en est, la dinde se pare d’une robe de cacao veloutée pour fêter la Nativité.
Quant à nous, nous dévorons allègrement autour de 35 000 tonnes de chocolats chaque fin d’année en France, ce qui fait du chocolat le produit festif le plus consommé, très loin devant le champagne, le saumon et le foie gras !
Mais le chocolat n’est pas seulement un trésor de par sa valeur de symbole, ni même de par sa valeur marchande. C’est surtout un trésor à cause de la charge émotionnelle et affective dont on l’investit en l’offrant ou en le recevant.
Car quelles que soient les occasions pour lesquelles on l’offre — marque d’amitié, attention gourmande, cadeau de remerciement ou d’anniversaire, Saint-Valentin, Pâques… et à plus forte raison Noël — le chocolat est toujours porteur d’un message. Au destinataire d’être attentif et de savoir le décrypter !
© Blandine Vié