Non ce n’est pas le 24 décembre que l’on réveillonne… mais le 25 !
C’est qu’à Noël autrefois, quand le catholicisme était la religion du plus grand nombre et que l’Église avait encore de l’ascendant sur ses ouailles, le 24 décembre, il fallait attendre que sonne l’heure de la messe de minuit.
On ne pouvait donc aller se coucher et on organisait une veillée avec les parents, les voisins, les amis. Pour occuper le temps, on mangeait — maigre bien sûr, puisque c’était avant la messe — mais comme c’était jour de fête, on soignait particulièrement ce repas, notamment en multipliant les choses offertes. C’est pourquoi le souper de veille s’appelait « grand souper » ou « gros souper ». Car il fallait des mets réconfortants pour faire la route à pied jusqu’à l’église en partant de hameaux éparpillés et souvent sous la neige. Puis on allait à la messe et, au retour, au lieu de se mettre au lit, on organisait une nouvelle veillée : la re-veillée ! Cette fois on mangeait gras, et en mettant au menu des mets sortant de l’ordinaire, ceux qu’on ne pouvait s’offrir tout au long de l’année. (Relisez « Les Trois Messes Basses » d’Alphonse Daudet.)
C’est ce second repas qui a donné son nom au réveillon. Avec un cortège de plats qui, à force de revenir ce jour-là, devinrent traditionnels.
Mais aujourd’hui, il n’y a plus guère qu’en Provence que la tradition est encore — un peu — pérenne. Mais même là, elle est en perdition.
Le terme « réveillonner » est donc impropre à Noël en dehors du contexte religieux qui fait de ce repas festif un diptyque. Même si l’on festoie à nouveau le 25 décembre !
Mais il est encore plus incongru pour qualifier le repas de la Saint Sylvestre !
Car ce n’est pas parce que le repas du 31 décembre a lieu la veille du 1er janvier que c’est pour autant un « réveillon », mot qu’on utilise improprement dans cette circonstance.
À la rigueur on pourrait appeler ça un… « veillon » — le veillon de la Saint-Sylvestre ou le veillon du jour de l’An — mais pas un ré-veillon qui, comme son nom l’indique, implique de veiller deux fois.
Raison pour laquelle, on ne devrait employer ce terme que le jour de Noël. Et encore, seulement si l’on respecte la coutume de souper deux fois !
Alors, amis restaurateurs, s’il vous plaît, plus de menu du réveillon, ni de Noël, ni de la Saint-Sylvestre ! Seulement du rêve…