« C’est pas la guerre ! » ………!!!!!!!
Faire du vin, est-ce un parcours initiatique ? Question idiote qui induit une réponse binaire pour certains. Mais aussi pour d’autres, une réflexion sur l’enseignement et les pratiques de nos prédécesseurs, qui conduisent à éviter des erreurs, à gagner du temps, à constater le résultat que l’on souhaite obtenir ou, au contraire, dont on veut s’écarter. Autrement dit, peut-on se passer de la transmission ou plus précisément, peut-on donner sans avoir reçu auparavant ? La recherche d’une certaine vérité, dans sa vie et singulièrement dans son vin pour les vignerons, semble présente dans les démarches de chacun de nous, consciemment ou pas.
Autant dire que j’applaudis à tout rompre les performances des néo-vignerons, je vibre aux exploits des rénovateurs qui font du bon vin dès leur deuxième ou troisième vendange, je bénis les miracles des redécouvreurs des jus à peine fermentés qui pensent avoir trouvé ce que leurs parents n’auraient pas imaginé avant eux. Et je suis sincère en disant cela, bien loin d’un esprit de contradiction systématique. Il m’est arrivé d’être enthousiasmé par des jeunes vins, faits par de jeunes propriétaires, n’ayant connu ni double fermentation, ni élevage abusif ni interventions excessives.
Mais qu’en échange on me laisse dire tout le bien que je pense aussi, avec quelques centaines de millions d’autres, des réputés climats de Bourgogne et des grands crus classés de Bordeaux. Qu’on arrête de trouver trop boisé un vin à sa sortie de barrique et trop réduit un vin sans soufre dès son ouverture. Je suis interloqué par cette assurance qui permet d’affirmer faire table rase d’un passé décadent et de techniques obsolètes. Les accusations de comportements criminels ne sont pas loin puisque le distinguo est énoncé entre les vins vivants et les vins morts, entre un beaujolais de l’année (« sublime, forcément sublime » comme disait Marguerite Duras) et un Saint-Julien qui selon certain « n’a pas de terroir ! » Car s’il est rare de s’approcher de la perfection dès ses premiers millésimes, il est encore moins fréquent de se tromper tous ensemble sur la nature profonde de plus de 100 000 hectares, durant plus d’un siècle…!
Ces outrances sont de véritables répulsifs pour les nouveaux consommateurs de vins. Ces discrédits jetés à la face des uns et des autres sont autant d’offenses à ceux qui font du vin avec conscience. Ces anathèmes lancés font penser à des fatwas irresponsables.
ET J’EN AI MARRE !
Aussi, je ne participerai plus à aucune discussion « sociale » ou privée, qui mette en cause la bonne foi et l’intelligence des Anciens comme des Modernes !
Patrick de Mari
18 août 2013 @ 9 h 36 min
Très intéressant, ce billet qui semble, à première vue, bien tranché. Le vin doit d’abord être apprécié à l’aune du PLAISIR qu’il donne. Mais voilà : il y a plaisir et plaisir. Tout est affaire de circonstance, de partage. Le joli vin « nature », « croquant », « pur » qui donnera beaucoup de plaisir au casse-croûte ou sur un repas simple, sera incongru sur un repas gastronomique, dont, d’ailleurs, un seul grand vin ne suffira pas à assumer la charge. Les néo-vignerons sont, le plus souvent, capables de produire des vins intéressants dans la première catégorie. Mais, en effet, seule la longue expérience, la compréhension intime du terroir, la transmission, sont nécessaires à la production de ces vins complexes, qui demandent également une éducation du consommateur. On peut d’ailleurs voir depuis quelques années de grands châteaux rachetés et qui perdent complètement leur personnalité, même si, apparemment, ils sont très bien faits. Je me désespère de voir des grands vins consommés après quelques années : « ils sont fondus », « bons à boire » etc. Non, les grands vins ne livrent leurs secrets qu’après de longues années de patience. Demande-t-on à un enfant de quatre ans d’expliquer la théorie de la relativité générale ? Non. Tous les vins bien faits peuvent donner du plaisir, mais pas le même plaisir.
18 août 2013 @ 13 h 52 min
AMEN!
19 août 2013 @ 10 h 17 min
Tu as évidemment raison, Roger !
Mais ce que je déplore, c’est l’intolérance et l’hostilité de « ceux qui savent » !
Tu sais, ceux qui ont des neurones surentraînés et des papilles bioniques !
Ceux qui prennent la peine (pour l’édification des masses!)
de t’expliquer en deux phrases courtes que le monde du vin se trompe, point barre !
Mais qu’ils ont recensé, eux, 7 ou 8 vignerons qui ont, eux, tout compris !
P'tit billet d'humeur | - Greta Garbure | D&eac...
26 août 2013 @ 18 h 10 min
[…] Ces outrances sont de véritables répulsifs pour les nouveaux consommateurs de vins. Ces discrédits jetés à la face des uns et des autres sont autant d'offenses à ceux qui font du vin avec conscience. Ces anathèmes lancés … […]