Boire le coup de l’étrier
L’expression « boire le coup de l’étrier » dérive d’une expression plus ancienne encore : « boire le vin de l’étrier », qui date du temps où la cavalerie était l’arme privilégiée des militaires (car la plus mobile) et où, d’une manière générale, les déplacements se faisaient à cheval car c’était là le mode de locomotion le plus rapide.
Et souvent, que ce soit pour se donner du courage ou de l’audace, au moment de partir, ils avalaient un verre (voire plusieurs) de vin rouge.
Ce serait le maréchal de Bassompierre (1579-1646, homme influent sous les règnes de Henri IV et de Louis XIII) qui aurait été l’initiateur de cette coutume. L’anecdote historique rapporte qu’en 1625, alors qu’il était chargé d’ambassade en Suisse, après un festin donné le jour de son audience de congé et alors qu’il était déjà sur son cheval afin de rentrer à Paris, le maréchal proposa aux députés des treize cantons avec lesquels il venait de banqueter de boire le coup de l’étrier. Ils lui apportèrent donc un verre. Mais l’ambassadeur le déclina en affirmant que le vin de l’étrier doit se boire dans la botte. On lui ôta l’une de ses bottes qui servit de coupe et qu’on remplit à ras-bord de vin. Le maréchal but longuement le premier puis tous les autres convives burent à sa suite : la botte fut vidée jusqu’à la dernière goutte ! Certaines versions racontent même que c’est lui qui vida intégralement cette coupe improvisée.
De fil en aiguille, l’expression est restée dans le langage courant pour signifier « boire un verre de vin quand on est sur le point de partir ». Certes, elle est un peu tombée en désuétude et aujourd’hui, on dit plutôt « boire un dernier verre » ou « un dernier pour la route ».
Sauf qu’aujourd’hui, si vous prenez la route, je ne vous conseille pas de boire le verre de trop, quel que soit le nombre de chevaux qu’il y a sous votre capot !
Blandine Vié