Le bonheur est dans la cuisine
Le bonheur est dans la cuisine
Petit traité philosophique du rangement
Roberta Schira
Ceci n’est pas un livre de cuisine ordinaire ni non plus un manuel de rangement pratique. Il s’agit d’une dissertation autour de ce que la cuisine — la pièce — représente dans un appartement. Même si elle a remplacé le foyer (au sens d’âtre) des maisons de nos grands-mères, elle reste le cœur du foyer (au sens de famille), son âme, souvent la pièce la plus réconfortante de la maison. Pour l’auteur, l’idéal serait d’ « atteindre le zen en créant une cuisine chaleureuse et nourricière ».
À vrai dire, c’est un livre très influencé par la psychologie — plus que par la philosophie à mon sens — et il évoque d’ailleurs plusieurs cas cliniques de patients en mal-être (anorexie, mal dans sa peau, conflit avec la mère, etc.) où cette pièce pourrait avoir un rôle thérapeutique à jouer. C’est sans doute vrai mais on sort un peu de la vocation traditionnelle de la cuisine, à savoir un lieu où faire à manger.
Néanmoins, l’auteur nous rappelle de manière très intéressante qu’historiquement, plus on se hissait dans la société, plus la cuisine était loin du salon. Elle cite même le cuisinier de cour du milieu du XVIe siècle, Bartolomeo Scappi : [« La cuisine doit être aménagée de préférence en un lieu plus retiré que public » parce que c’est un endroit dangereux pour les invités « et afin que le bruit qu’on y fait forcément ne dérange pas les logis voisins du palais. ”] Des temps évidemment révolus pour Monsieur et Madame Toutlemonde.
Au contraire, aujourd’hui, à cause notamment de la vie urbaine qui permet rarement d’habiter de grandes surfaces, on se réapproprie cette pièce au point d’y manger, la salle à manger de nos aïeux étant devenue quant à elle une pièce en voie de disparition.
Je suis moins férue de la partie conseils domestiques qui met systématiquement sur le même pied rangement des objets et rangement mental (des pensées et des sentiments) et va même jusqu’à assimiler l’accumulation d’objets — qu’il s’agisse d’ustensiles ou d’objets de déco — à un trouble de la personnalité dont souffrait paraît-il Andy Warhol. Là, je dis non, surtout quand l’auteur persiste en disant « avant de ranger sa cuisine, débarrassez-vous des ordures mentales » et qu’elle donne une recette à base de détergent à vaisselle, de bicarbonate de soude, de vinaigre blanc et d’huile essentielle de lavande, formule qui, selon elle, « éliminerait toutes les pensées négatives que vous avez accumulées dans la cuisine. ».
C’est aussi une adepte du rangement par le tri et la plupart de ses conseils visent à ce dépouillement quand il ne sont pas de simples lapalissades.
Italienne, Roberta Schira est journaliste et critique gastronomique au Corriere della Sera. Elle officie aussi à la télévision italienne.
Sa vision très hygiénique des choses va un peu à l’encontre de ce qu’on imagine être la cuisine d’une mamma. Certains s’en réjouiront, d’autres moins… et j’en suis.
Le bonheur est dans la cuisine
Petit traité philosophique du rangement
Roberta Schira
Les Éditions de l’Homme
Prix : 9,90 €