C'est où Fitou ?
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué et qu’on n’a que ça à faire ?
Fitou, c’est la seule Appellation d’Origine Contrôlée de France (heureusement !) qui ait été accordée à deux terroirs géologiquement très différents et géographiquement séparés (d’une trentaine de km).
« Je ne critique pas le côté farce mais (…) il y aurait quand même à redire ! » (Lino Ventura, Ne nous fâchons pas, 1965).
Cette bizarrerie administrative n’est pas très grave, elle vous oblige seulement à goûter les vins pour savoir si vous préférez les ceusses près de la mer et de l’étang de Leucate ou les autres qui naissent dans le massif des Corbières, le nez en l’air (200 à 400 m) et les pieds dans les schistes.
Faut d’abord lui demander son adresse au fitou, avant de l’acheter. Mais d’autres caractéristiques sont aussi à prendre en compte : vous avez très soif ou vous pouvez attendre ? Vous cherchez un vin sympa à boire avec des copains au cours d’un casse-croûte estival ou bien une bouteille à mettre en cave, à oublier quelques années et que vous déboucherez lors d’une belle occasion ?
Dans la première catégorie, mon champion est la cuvée « Prestige » 2010 du domaine Lerys à 7,90 €.
Vin qui efface toutes les idées noires, qui donne le sourire, qui met l’ambiance à lui tout seul. Le cassis explose, l’intensité est maximum, au nez comme en bouche. On n’est pas loin du défaut tant ses arômes primaires décapent les sinus, mais on s’y habitue très facilement et les topettes peuvent alors défiler à un rythme soutenu si l’on n’y prend pas garde.
À noter également le domaine du Capitat dont j’ai goûté deux belles cuvées à des prix tout doux (4,90 € et 5,40 €).
Magnifique également, le domaine du Mandraou d’Évelyne Suzanne qui produit en 2010 un grenache-carignan-mourvèdre. Un vrai vin de littérature puisqu’après un nez profond sur la réglisse, on passe en bouche de la mine de crayon aux saveurs d’encre (vieux souvenir pour ceux qui mordillaient leur porte-plume). À 6,50 €, l’écriture est garantie joyeuse.
D’autres jolis vins : château Wiala, cuvée « Harmonie », et château Champ des Sœurs, cuvée « Bel Amant » (ben voyons !).
Dans les vins de garde, ceux qui doivent digérer leur élevage en barrique ou dont les tanins pourront s’assouplir plusieurs années en cave, quelques très beaux vins sortent du lot (mais non, pas du Lot !) :
— Château des Erles, « cuvée des ardoises » (12 €). Beaucoup d’élégance malgré une forte concentration. La charge tannique est importante aujourd’hui mais elle permettra à cette bouteille de freiner son évolution, sinon votre impatience.
— Château de Nouvelles « Gabrielle ». Grosse carrure pour ce vin à dominante carignan. Sa vinification et son élevage ont été très longs, comme le temps qui vous séparera de sa maturité optimum (14 €).
— Domaine Bertrand Bergé : les deux cuvées « Ancestrale » (14 €) et « Les Mégalithes » (11,90 €) sont de belle facture et issues de culture biologique.
— Domaine des Mille Vignes : « La Cadette » (17 €) et « Atsuko » (35 €) ont une haute ambition et des prix qui piquent un peu les yeux mais pas les papilles.
Une belle région à visiter sur la route du pays catalan.
Tiens, au fait, et les vins du Roussillon ?
Plus tard, bientôt !
Patrick de Mari
DUROCHER
25 juin 2013 @ 12 h 42 min
Chez Bertrand Bergé,outre les 2 cuvées que vous citez(que j’apprécie beaucoup) la cuvée 3Jean Sirven dont le prix pique aussi les yeux est elle aussi de haute volée et réjouit aussi les papilles.A une exception près votre sélection est celle que j’aurais listée également.Lerys s’avère beaucoup plus agréable que par le passé.
Bravo pour vos articles toujours passionnants.
Bernard Durocher.
gretagarbure
25 juin 2013 @ 14 h 24 min
Heureux de constater notre communauté de sensations !
Même contradictoires, vos commentaires seront les bienvenus.
Mille mercis pour ces compliments qui nous font toujours un bien fou !