Les schistes de Faugères
Là, on ne rigole pas ! Non qu’on n’ait pas d’humour par ici mais si l’on évoque les vins de Faugères, il y a, comme pour les lièvres, un point de passage obligé ! Sertie comme une pierre précieuse par Béziers, Narbonne, Carcassonne, Bédarieux et plus loin Montpellier, l’appellation Faugères c’est d’abord 7 communes et leurs hameaux qui se partagent 2000 hectares d’un terroir unique par la composition de son sous-sol : un peu de grès et de buttes calcaires mais essentiellement du schiste, du schiste et encore du schiste !
Depuis l’ère primaire, argiles et sables se sont accumulés et agrégés pendant des millions d’années. Compressés puis feuilletés, ces sédiments ont donné naissance à ces schistes omniprésents. Bien sûr, « je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître », ni Charles Aznavour, ni même Line Renaud, puisque c’est le surgissement des Alpes et des Pyrénées qui a soulevé ces formations schisteuses pour former aujourd’hui un splendide balcon qui domine la plaine.
Ce sol, fracturé et drainant, permet l’alimentation de la vigne en profondeur et lui évite ainsi d’avoir les pieds dans l’eau (pléthore de raisins peu sucrés) ou de subir au contraire un stress hydrique (blocage du mûrissement des grappes). Ses cirques et coteaux culminent à 400 mètres ce qui participe également à la fraîcheur que l’on retrouve dans ses vins, puissants mais élégants à la fois.
Les cépages ? Eh bien, ce sont ceux du Languedoc, la Bande des Cinq que vous pouvez définitivement apprendre par coeur afin de briller en société, lors des dîners en ville: le grenache, la syrah, le carignan, le cinsault et le mourvèdre. Seuls ou à plusieurs, ils font aussi du rosé. Les blancs, moins présents dans l’appellation mais souvent excellents, sont issus de grenache blanc, de roussane, de marsanne et de vermentino.
La minéralité exemplaire du sous-sol, l’altitude bienfaisante, les pentes idéalement exposées ne sont rien si les hommes cochonnent leur instrument de travail, leur matière première en ne respectant pas la nature qui les entoure. Rendons justice aux vignerons de Faugères dont un tiers des surfaces est déjà en agriculture biologique ou en biodynamie, avec des rendements parmi les plus bas de France (33 hectolitres à l’hectare) ! L’environnement des garrigues étant maintenu, le ciste, le poivre blanc, les plantes aromatiques sautent au nez et aux papilles à la première gorgée !
Toujours retranchés au château « Les Carrasses » *, comme toute la semaine dernière, nous avons goûté la majorité de la production lors de dégustations stakhanovistes ou de repas pris avec les vignerons et leurs bouteilles ! Notant que nos vins préférés se situent dans une fourchette de 6 à 25 € environ, nous vous encourageons à aller visiter les domaines suivants et rencontrer si possible les belles personnes qui font ces vins remarquables.
– Brigitte Chevalier au domaine de Cébène www.cebene.fr
– Thierry Rodriguez www.masgabinele.com
– Didier Barral au domaine Léon Barral 04 67 90 29 13
– Frédéric Albaret www.domainesaintantonin.fr
– Catherine Roque www.masalezon.fr
et puis La Liquière, Le Clos de la Rivière, le Domaine Binet et Jacquet, d’autres encore, sans négliger les vins de la coopérative « Les Crus Faugères », bien tenue par Luc Salvestre, qui offre des rapports qualité/prix très favorables, notamment avec son emblématique Mas Olivier ! A l’occasion, vous demanderez poliment à un caviste local quelques bouteilles de Jean-Michel Alquier car celui-ci n’a jamais rien à vendre sur place. Dommage, c’est indéniablement un des tous meilleurs de cette splendide appellation-phare du Languedoc moderne !
Je vous avais promis de parler des « Corbières miraculeuses » ?
Ne relâchez pas votre attention, c’est pour bientôt et il y a du très bon !
PdM
DUROCHER
23 avril 2013 @ 13 h 34 min
Superbe région,très belle appellation ;les vignerons que vous citez réalisent des grands vins et pratiquent des prix sages.
gretagarbure
24 avril 2013 @ 10 h 35 min
Merci pour ces confirmations ! Nous adorons quand nos amis lecteurs sont d’accord avec Greta Garbure !
Mais le dialogue est évidemment ouvert . Si nous aimons vraiment les beaux produits et les bons vins,
nous entendons et respectons nos différences d’opinion.
A bientôt donc.