Le vin à la belle étoile – Gérard Bertrand
On entend des réflexions stupéfiantes et des jugements définitifs sur des gens connus, des « stars » d’un jour ou à la renommée bien établie. D’aucuns pensent se faire valoir en dénigrant ou en minimisant les mérites de l’autre. L’illusion d’être plus fort en étalant des sentiments médiocres est bien partagée ! La nécessité absolue d’émettre une opinion sur tout et tout le monde fait des ravages chez les esprits faibles et les envieux de tout poil. Alors, vous imaginez si c’est tentant de baver à loisir dans le dos d’un contemporain qui réussit tout ce qu’il entreprend.
Un négociant ? Pouah ! « Le propriétaire d’une dizaine de domaines ? Salaud de riche ! » « Il ne peut pas bien travailler à la vigne et au chais et s’enrichir par-dessus le marché ! » Ce ne serait évidemment pas en accord avec notre morale judéo-chrétienne franchouillarde à deux balles. Et pourtant… Et pourtant c’est le cas de Gérard Bertrand.
Désolé, Mesdames et Messieurs, mais j’aime cet homme-là ! Non pas que nous soyons intimes et que j’en connaisse tous les recoins de l’âme. Je l’ai rencontré plusieurs fois, interviewé aussi, Greta Garbure a écouté du jazz et de la soul à l’Hospitalet, nous nous sommes croisés et salués, j’ai goûté ses vins chez lui et dans des salons professionnels, j’en ai aimé certains, d’autres moins…
Je n’ai jamais joué au rugby avec ou contre lui et la différence d’âge n’en est pas la seule cause ! Ses presque 200 centimètres de hauteur ne font pas l’essentiel de l’homme : il a commencé par être grand dans son sport avant de devenir grand négociant-propriétaire dans le domaine du vin.
Tout est dit dans son bouquin qui, au demeurant, ne lui ressemble malheureusement pas : ampoulé, sentencieux et parfois carrément pédant, j’espère bien que ce n’est pas lui qui l’a réellement écrit ! Il permet malgré tout une approche émouvante du monsieur tel qu’il est, dans toute son humanité. Des passages sur ses relations aux autres, à commencer par son père, sont touchants et sans doute révélateurs d’une profondeur à laquelle quelques détracteurs ne veulent pas croire. Eh bien moi, j’y crois. Et les méthodes culturales — bio et biodynamie — que j’ai constatées sur le terrain font plaisir à voir, je vous le promets.
Ses vins de négoce, j’avoue ne pas les déguster souvent, mais Cigalus, le domaine de l’Aigle, la Sauvageonne, la Forge et le Clos d’Ora, tous ces vins sont à goûter au moins une fois pour se faire une juste idée de ce que le Languedoc peut donner à aimer. Et l’on s’apercevra que les forces telluriques et cosmiques ne sont évidemment pas pour rien dans les sensations de plénitude qu’ils procurent.
À bon entendeur, buvons, nous comprendrons peut-être plus tard.
Patrick de Mari
Le vin à la belle étoile
Gérard Bertrand
Photo de couverture : Fabrice Leseigneur
Éditions de la Martinière
Prix : 16 €
Modat Philippe
11 février 2015 @ 11 h 45 min
Je ne peux que souscrire à une appréciation qui part des vins pour évaluer ceux ci et le vigneron, et pas les apparences.
Je connais quelques vignerons qui se déguisent en alter mondialiste pour vendre des vins que seuls quelques amateurs « éclairés » trouvent bons.