Café Bouillu – Paris
Café Bouillu
Bistrot tendance
Paris 6e
Personnellement, nous n’aurions jamais osé baptiser un établissement « Café Bouillu » car il nous semble que ça appelle immanquablement la suite du dicton… « café foutu ! ». Et bon, pour un restaurant, est-ce bien raisonnable ?
Mais force nous a été de constater que finalement, le concept qui mêle esprit brasserie nouvelle vague, bistrot à la mode et bar-lounge était plutôt… bien pensé ! Je dirai même plus : bien foutu ! C’est dans la mouvance, branchouille façon Costes (le chef y a bossé 15 ans) et ça ratisse large !
Dorénavant, il serait donc malin de dire : « Café Bouillu… café bien foutu ! »
Bonus : cette ancienne crêperie aux beaux volumes a été joliment relookée par le décorateur Julien Allard, la salle de l’étage ménage plusieurs espaces aux ambiances différentes (la monumentale table d’hôte en bois taillée directement dans un tronc d’arbre est superbe), le petit coin (pour deux) près de la fenêtre romantique à souhait, bref c’est chic et convivial à la fois.
La cave mérite elle aussi le détour (une petite salle de 18 couverts la jouxte) car c’est précisément à cet endroit (voisin du couvent des Cordeliers) que Robespierre y a déclamé les mots de ce qui est devenu depuis la devise de la République : « Liberté, Égalité, Fraternité » !
Enfin, comme le lieu se veut résolument « djeun’s » (on est dans un quartier étudiant), c’est jazz le soir, avec des DJ en guest en fin de semaine.
On peut donc dire que le pari de Benoist Kersulec (dont les parents avaient déjà un « Café Bouillu » à La Baule), et de son ami et complice Fabrice Rialland (c’est lui le chef) est réussi pour ce qui est du cadre et de l’implantation parisienne.
Mais plongeons maintenant le nez dans nos assiettes.
Avouons-le tout net, nous avions très copieusement déjeuné, puis fait une dégustation de beaufort dans l’après-midi — business is business ! — aussi n’avions qu’une faim modérée.
Nous l’avons regretté car la carte fait la part belle à la viande de bœuf, presque exclusivement crue d’ailleurs : très (trop ?) longue carte de carpaccios (19 proposés à 16 €, deuxième assiette offerte) et tartares (de 17 à 18 €), à l’exception d’une « entrecôte magnifique » (26 €) et d’une « tendresse de bœuf paris-tokyo (36 €). Viande que nous n’avons par conséquent pas goûtée et sur laquelle nous ne pouvons donc objectivement nous prononcer.
Tout en patientant avec une petite salade de fenouil au saumon fumé en guise de mise en bouche, nous délaissons les plus légers « cœur de laitue » (6 €), « tomate mozzarella di burrata » (12 €), « petits nems de poulet » (8 €), « tataki thon et saumon » (14 €), et même les tradi « œufs mayo café bouillu » (3,50 €) ou « tartare avocat crabe » (12 €) car, malgré nos estomacs rassasiés, les « lobster spring rolls » (14 €) et la « poêlée de supions provençale artichauts poivrades (12 €) — je ne résiste jamais ! — nous font de l’œil ! C’est bon même si j’aurais préféré quelques virgules de cuisson en moins pour les supions et les artichauts.
Pour les plats, je reste tournée vers la mer avec des « gambas grillées sauce chien » (26 €) tout en ayant longtemps hésité avec le « risotto à l’encre de seiche saint-pierre » (25 €) tandis que Patrick résiste face à la « cocotte de pluma » (24 €) et finit par se laisser séduire par un « cocorico saïgon au curry jaune » (20 €) avec son bol de riz.
C’est sans surprise, presque rustique pour le poulet (la sauce est abondante), mais très convenable.
En ce qui concerne les vins, de 18 à 3600 €, vous devriez pouvoir faire le bon choix : le vôtre ! Du tout venant mais aussi des trouvailles, de bons petits vins sympathiques ou bien du très sérieux grand cru bordelais, dans de beaux millésimes déjà à maturité. Et de 4 à 6 € au verre de 12 cl, ce qui correspond à un coefficient multiplicateur de 6, environ. Mais quand on aime, on ne compte pas ! Circulez, mauvais client : si vous n’êtes pas content, allez dîner à l’étranger. Tiens, c’est pas bête !
Allons, comme il est bien connu que l’appétit vient en mangeant, on ne zappera pas le dessert : « cheesecake » (12 €) pour moi et « sorbet mangue-passion » (6 €) pour mon partenaire qui semble être bien lesté ! Quoique…
Car pendant que je vais me contenter d’un café, il va oser un « Café Bouillu » (kalhua, crème fraîche, sirop noisette, café, vodka) ! Ouf ! Heureusement, c’est le bus qui nous ramène !
Bon, on le voit, l’endroit est tendance et touche sa cible ! Commercialement, nul doute que ça va marcher. Culinairement, tout est conçu — ou pour mieux dire… conceptualisé ! — pour que tout soit simple en cuisine et efficace en salle ! C’est un parti-pris contemporain contre lequel il n’y a rien à redire. Le but d’un restaurant, c’est quand même de faire des bénéfices et pas d’être philanthropique ! Et vrai de vrai, ici, comme disait Fernand Raynaud : « C’est étudié pour ! »
Formules du midi :
une entrée un plat ou un plat un dessert (en semaine) : 17 €
une entrée un plat un dessert (en semaine) : 22 €
Invitation d’une attachée de presse.
Blandine & Patrick
Café Bouillu
9, rue de l’École de Médecine
75006 Paris
M° Odéon
Tél : 01 46 3419 41